Présentation
En nous fondant sur une règle spinoziste, stipulant qu’il faut partir des hommes tels qu’ils sont afin de construire une éthique pertinente, nous nous proposons de repenser l’éthique en santé contemporaine à l’aune d’une anthropologie de l’âge classique. Nous envisageons ainsi de réinscrire la maladie dans l’histoire d’une vie, et de redéfinir à partir de là la santé en lien avec une conception compréhensive de l’homme et de son histoire personnelle. Partant d’une science de l’homme conçue comme éléments de compréhension des pratiques humaines, nous nous appuierons sur les principes anthropologiques fondamentaux que constituent, pour Hobbes et pour Spinoza, la place accordée aux affects (en l’occurrence, ceux des soignants comme ceux des patients), la question de la temporalité pensée à partir du mouvement des corps et de leurs variations, et celle de la singularité des individus. L’enjeu consiste alors à concevoir une éthique qui puisse se pratiquer à même les différents usages de la vie humaine : celle-ci apparaît en effet comme l’articulation, en des « occasions » chaque fois particulières, de nécessités communes (la normalisation) et d’aptitudes singulières à se les approprier (la puissance propre des individus).